LIBREVILLE, 22 novembre 2025 (AGP) – Longtemps considérée comme l’un des piliers de l’influence française en Afrique centrale, la relation économique entre le Gabon et la France connaît aujourd’hui une profonde transformation. Si Paris demeure un partenaire majeur, son rôle n’est plus exclusif, au moment où Libreville cherche à mieux valoriser ses ressources et à diversifier ses alliances. Décryptage.
Historiquement, la présence d’entreprises françaises telles que TotalEnergies, Eramet ou Veolia a façonné les secteurs pétrolier, minier, énergétique et urbain du Gabon. Perçue durant plusieurs décennies comme un facteur de stabilité économique, cette implantation était aussi associée à une proximité politique parfois contestée.
Le paysage s’est toutefois modifié. D’une part, le Gabon, engagé dans une politique de diversification pour réduire sa dépendance au pétrole, privilégie désormais des partenaires capables d’investir dans l’agriculture, le numérique, la biodiversité ou les infrastructures. D’autre part, l’arrivée d’acteurs tels que la Chine, la Turquie ou le Maroc place la France dans un environnement concurrentiel inédit. Les choix de Libreville reposent désormais sur l’efficacité économique plutôt que sur l’héritage diplomatique.
Pour Paris, cette évolution est significative. TotalEnergies reste un acteur central du secteur pétrolier, mais ses marges de manœuvre se resserrent à mesure que l’État gabonais renforce son contrôle sur ses ressources naturelles. Dans le domaine minier, l’activité d’Eramet demeure stratégique, bien que désormais encadrée par une volonté gouvernementale de créer davantage de valeur ajoutée localement, notamment par la transformation du manganèse sur place.
La coopération économique s’étend également à des secteurs non extractifs. Les entreprises françaises capitalisent sur leur expertise dans les infrastructures, l’urbanisme, la gestion de l’eau et la transition énergétique. Les projets liés à la gestion durable des forêts, à la conservation de la biodiversité et aux engagements climatiques du Gabon offrent un terrain favorable à un partenariat renouvelé.
Toutefois, les attentes gabonaises ont évolué : transfert de compétences, création d’emplois locaux, transparence des investissements et respect des priorités nationales constituent désormais des exigences incontournables. Le temps des avantages automatiques est révolu. Paris est appelée à s’adapter à une relation plus équilibrée, fondée sur un partenariat d’égal à égal.
Ainsi, la relation économique franco-gabonaise ne se délite pas : elle se recompose. Elle s’inscrit dans une dynamique pragmatique où chaque acteur cherche à optimiser ses intérêts, dans un contexte marqué par une concurrence accrue et par la volonté affirmée du Gabon de consolider sa souveraineté économique.
RL/TYM/EN/FSS/AGP











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