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LIBREVILLE, 22 novembre 2025 (AGP) – Longtemps considérée comme l’une des plus solides de la «Françafrique», la relation géopolitique entre le Gabon et la France connaît, depuis la transition politique de 2023 et l’évolution de la stratégie africaine de Paris, une profonde recomposition. Les deux pays redéfinissent aujourd’hui les bases d’un partenariat marqué par l’histoire, mais désormais confronté à de nouvelles dynamiques régionales et internationales.
Au lendemain de l’indépendance, le Gabon occupait une place stratégique dans le dispositif français en Afrique centrale : un allié stable, riche en ressources naturelles, situé au cœur d’un espace où Paris souhaitait maintenir une influence sécuritaire et diplomatique. Libreville constituait alors une plateforme d’appui essentielle dans le Golfe de Guinée, zone clé pour la sécurité maritime et énergétique européenne.
Ce modèle a toutefois perdu de sa centralité au fil des années. La montée d’acteurs concurrents – Chine, Russie, Turquie, Maroc – a modifié l’équilibre des forces dans la région. Face à ce nouvel environnement, le Gabon privilégie une diplomatie d’ouverture et de diversification, marquant une réorientation plutôt qu’une rupture avec Paris, afin de renforcer sa marge de manœuvre internationale.
La France, de son côté, ajuste sa présence dans un contexte où son influence se réduit en Afrique centrale. Le redéploiement de certaines implantations militaires et la refonte de ses partenariats traduisent une volonté de privilégier une coopération plus équilibrée, centrée sur la formation, l’expertise technique et la lutte contre les menaces transnationales, notamment la piraterie et les trafics dans le Golfe de Guinée.
Dans ce paysage renouvelé, la diplomatie environnementale constitue l’un des axes majeurs de convergence. Le positionnement du Gabon comme « leader climatique », son importante couverture forestière et son rôle actif dans les initiatives internationales sur la biodiversité offrent au pays un levier géopolitique apprécié à Paris comme à Bruxelles. Cet agenda écologique s’affirme comme l’un des piliers d’un partenariat repensé.
Cependant, Libreville exprime désormais des attentes précises : une relation fondée sur la souveraineté, le respect mutuel et la transparence. L’opinion publique gabonaise, plus informée et plus exigeante, rejette les schémas traditionnels de dépendance politique. Le temps des influences unilatérales semble révolu.
Pour autant, la relation gabono-française ne disparaît pas : elle se transforme. Elle quitte le registre du contrôle pour celui d’un dialogue stratégique, dans un contexte où le Gabon revendique davantage d’autonomie et de singularité diplomatique. À l’heure où les rapports de force mondiaux se recomposent, Libreville et Paris sont appelés à bâtir un partenariat capable de s’adapter aux tensions régionales et aux nouvelles rivalités internationales. Leur capacité à s’inscrire dans cette dynamique conditionnera leur influence future en Afrique centrale.
RL/TYM/EN/FSS/AGP
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