LIBREVILLE, 10 octobre 2025 (AGP) – Après un premier tour marqué par des irrégularités dans certains centres de vote et une participation jugée contrastée, les Gabonais sont de nouveau appelés aux urnes le 11 octobre prochain pour départager les candidats encore en lice dans les circonscriptions en ballottage. L’ouverture officielle de la campagne du second tour, intervenue le 1ᵉʳ octobre, marque une nouvelle phase décisive où alliances politiques, reports de voix et mobilisation électorale pèseront lourd dans l’issue du scrutin. Décryptage.
Le paysage électoral issu du premier tour s’est profondément recomposé. Dans la plupart des circonscriptions concernées par les ballotages, même si l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) enregistre une avance certaine, les candidats encore en course doivent désormais convaincre au-delà de leur socle naturel de partisans. Les appels au soutien et les négociations en coulisses s’intensifient.
Mais les reports de voix ne sont jamais automatiques. Ils dépendent d’accords politiques souvent fragiles, parfois contre nature, et de la capacité des leaders locaux à rallier leurs bases. Dans le Moyen-Ogooué, Léa Bendome Moussaga, de l’Union pour la République (UPR), a apporté son soutien à Paul-Marie Gondjout, candidat de l’UDB, face à Madeleine Berre du Parti Démocratique Gabonais (PDG), dans le 1er arrondissement de Lambaréné. Dans la Bouenguidi, Gracia Wouchi Indenguéla, candidat de l’Union Nationale (UN), ainsi que plusieurs indépendants, dont Désiré Konanguila et Guy Walker Douky, sans oublier Michel Osso du PNPT, ont déclaré leur soutien à Jean Hilarion Landa (UDB) contre Blaise Louembé (PDG). Le président du PDG devra ainsi composer avec un front politique élargi face à lui.
Les électeurs, de leur côté, pourraient se montrer plus prudents. Le souvenir encore vif d’un premier tour jugé chaotique par endroits — marqué par des contestations liées à la liste électorale, des retards dans l’ouverture des bureaux de vote, un nombre élevé de procurations irrégulières et parfois l’absence de bulletins de certains candidats — risque d’alimenter la lassitude et la méfiance. La véritable interrogation demeure : les électeurs se déplaceront-ils en nombre pour ce second tour, ou assistera-t-on à une démobilisation qui profiterait aux appareils politiques les mieux organisés ?
Dans ce contexte, la dynamique des alliances devient déterminante. Ici, un accord de circonstance permet à deux partis traditionnellement rivaux de faire front commun contre un troisième. Là, un candidat indépendant s’adosse à une formation plus structurée pour espérer franchir la barre. Ces coalitions, souvent temporaires et fragiles, illustrent la complexité du jeu politique actuel, où la conquête du pouvoir local ou national prime parfois sur les fidélités idéologiques.
Mais si les stratégies partisanes s’élaborent au sommet, l’équation finale se résoudra sur le terrain, dans la capacité des candidats à convaincre les électeurs de leur sincérité et de leur crédibilité.
La campagne du second tour se caractérise ainsi par une intensification des démarches de proximité : rencontres dans les quartiers, discours axés sur le développement local et promesses de gouvernance plus transparente.
À l’issue du scrutin du 11 octobre, les vainqueurs ne seront pas seulement ceux qui auront séduit les électeurs, mais aussi ceux qui auront su bâtir les alliances les plus solides, capitaliser sur les défections de leurs adversaires et transformer le scepticisme ambiant en un regain de mobilisation.
Plus qu’un simple second tour, cette étape s’annonce comme un véritable test de maturité pour les forces politiques gabonaises.
RL/FSS/AGP

Commentaires