LIBREVILLE, 23 janv. 2025 (AGP) – Lors d’une interview accordée à l’Agence Gabonaise de Presse (AGP), à l’occasion de l’atelier régional sur l’élimination des produits cosmétiques éclaircissants pour la peau contenant du mercure en Afrique, Pr Adama Dicko, dermatologue à l’hôpital de dermatologie de Bamako, a indiqué : « Nous devons valoriser les produits naturels (…).»
AGP : Durant deux jours, le Gabon a accueilli l’atelier régional sur l’élimination des produits cosmétiques éclaircissants pour la peau contenant du mercure en Afrique, quels sont les risques sanitaires liés à l’utilisation de produits contenant du mercure et d’autres substances nocives?
Pr Adama Dicko : « Quand les produits éclaircissants contenant du mercure ou d’autres substances nocives sont utilisés sur la peau de façon régulière, ils provoquent des complications dermatologiques, pouvant aller jusqu’à engendrer des pathologies systémiques sévères. La peau est lésée et les nerfs, le cerveau, les reins peuvent être touchés lorsque les substances présentes dans le sang s’accumulent et se propagent dans tout l’organisme via les vaisseaux sanguins. Cela peut entraîner des pathologies graves telles que des toxicités rénales, neurologiques ou pulmonaires dues à l’inhalation constante des produits dits blanchissants. Le mercure est un composant très dangereux, comme tant d’autres à savoir l’hydroquinone ou les corticoïdes. »
Comment reconnaître les produits éclaircissants ?
« C’est là tout le défi. Pour savoir si un produit cosmétique est nocif ou non, il faut d’abord le tester. Ce sont des complications comme la dépigmentation qui permettent à nous, dermatologues, de déterminer si un produit contient du mercure ou d’autres substances dangereuses. Généralement, lorsqu’une femme cherchant à éclaircir sa peau devient en réalité plus noire, c’est souvent dû à l’hydroquinone. Pour identifier un produit nocif, il faut donc le tester pour évaluer la quantité de substances dangereuses qu’il contient, car certains producteurs astucieux ne mentionnent pas toutes les substances utilisées sur l’étiquette de leurs produits. »
Comment lutter efficacement contre le blanchiment de la peau en Afrique, sachant que certains produits sont également commercialisés dans les pharmacies ?
« Il faut que les gouvernements s’impliquent davantage en créant des industries locales capables de valoriser les produits naturels, en les rendant plus légers et accessibles sur le marché. Plus un produit contient de l’eau, plus il est léger, plus il est bon pour la peau, car celle-ci a besoin d’être bien hydratée. Pour lutter contre le blanchiment de la peau, il est également nécessaire de sensibiliser les familles, les écoles, les religieux et les politiciens, afin de mettre en avant nos produits locaux. Organiser des conférences et des ateliers est une bonne initiative, mais si nous ne décidons pas collectivement de valoriser nos produits africains, rien ne changera, car le monde évolue. »
Propos recueillis par FB/JM/FSS/EN
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