LIBREVILLE, 09 octobre 2024 (AGP) – Dans une interview exclusive accordée à la Rédaction de l’AGP/Gabon Matin, le Directeur général de l’Agence Nationale des Bourses du Gabon (ANBG), Pr Ruphin Ndjambou, évoque les réformes qui embellissent l’environnement de cette structure étatique. Lecture.
Agence Gabonaise de Presse : Face aux préoccupations qui vous sont posées par votre tutelle technique en matière d’octroi et d’accompagnement des bourses, quelle stratégie avez-vous mis en place ?
Pr. Ruphin Ndjambou : « Merci de l’opportunité que vous me donnez de pouvoir vous faire un bilan de mes 10 mois à la tête de l’ANBG. Toutefois, je ne saurais commencer à répondre sans m’acquitter d’un devoir, celui de remercier très respectueusement le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, pour la marque de confiance qu’il a mise sur ma personne pour être à la tête d’une administration aussi sensible et stratégique que l’Agence nationale des Bourses du Gabon (ANBG). En prélude aux préoccupations posées par la tutelle technique, comprenez, par rapport à votre question, que j’ai initié des rencontres avec toutes les parties prenantes de notre corporation. A savoir, les promoteurs d’établissements, les mutuelles représentant les étudiants, les associations représentant les parents d’élèves ainsi que les représentants de notre tutelle technique. Le but recherché, dans un premier temps, était de faire un état des lieux des préoccupations des uns et des autres, mais également de réfléchir sur comment pallier les difficultés qu’ils rencontrent. Mais, surtout, il était question pour moi, une fois à la tête de l’ANBG, de décliner, à ces partenaires, les prérogatives des plus hautes autorités en matière de politique d’attribution des bourses des étudiants. Lors de ma prise de fonction, j’ai constaté que 90 % des étudiants boursiers sont dans des établissements privés au Gabon et à l’étranger, d’où l’importance de ces grandes rencontres avec les partenaires du Gabon.
Poursuivant ces rencontres, il me revenait de revoir, en matière de conventions des établissements qui remplissaient les conditions leur permettant d’accompagner l’Etat Gabonais dans le domaine de l’Enseignement Supérieur. Fort de ce constat, certains établissements ont été identifiés comme inéligibles (structure d’accueil ne répondant pas aux normes, des offres de formations erronées, sans oublier le problème relatif aux enseignants non qualifiés qui exercent dans ces écoles) pour recevoir des étudiants boursiers.
Alors, pour effectuer ce toilettage, dans le cadre du processus d’accréditation ANBG, nous nous sommes inspirés du programme PRED CAMES dont les critères sont les suivants : la convenance de formation qui regroupe l’ensemble des documents disponibles relatifs à l’établissement, la politique de formation qui est l’ensemble documentaire qui résume la mise en place d’un système d’apprentissage d’enseignement, et de formation générale ou professionnelle de l’établissement, le personnel administratif et enseignant, la gouvernance de l’institution au service de ses missions qui désigne l’ensemble des décisions et règles visant à assurer le fonctionnement de l’établissement, ainsi que les organes structurels chargés de formuler ces décisions et la vie à l’université/école/institut qui se caractérise par l’ensemble des procédures pour la réception des étudiants et des infrastructures dédiées aux apprenants.
Dans le même ordre d’idées, 35 écoles et universités de qualité ont été retenues au Gabon pour nous accompagner dans ce grand challenge. D’autres établissements sélectionnés parmi tant d’autres doivent, pour l’instant, se mettre dans les normes académiques attendues. Aussi, des conventions ont été signées avec, en toile de fond, l’harmonisation des coûts, afin de réduire les frais de scolarité et d’alléger la charge de l’Etat ».
Quelles innovations avez-vous apporté au sein de l’ANBG ?
« Avant d’innover, il faut d’abord nettoyer. Une fois nommé à la tête de l’ANBG, les statistiques démontraient que plus de 9000 étudiants n’avaient pas de décision sur leur demande de bourse ; une situation qui ne pouvait se justifier, vu la période (mois de février 2024). Suite à ce constat, une instruction a été donnée de vérifier les cursus de ces 9000 étudiants et les raisons du non-traitement de leur dossier. Et comme par enchantement, un vaste réseau de faux étudiants boursiers avait été mis en place par certains anciens agents de l’ANBG. Suite à cette situation, il me revenait en ma qualité de Directeur Général de l’ANBG de mettre un terme à ce vaste réseau mafieux. Au terme de ce contrôle, je pouvais être sûr d’avoir un fichier d’étudiants boursiers qui ne présentait aucune anomalie. Dans l’optique de mettre les pendules à l’heure, des nouveaux responsables ont été nommés pour assurer la continuité du service.
Allant toujours dans le sens des innovations, au regard du personnel de cette structure et la qualité des usagers que nous recevons, pour certains sont asthmatiques et pour d’autres présentant des symptômes de début de grossesse, il était opportun pour moi de doter cette administration d’une infirmerie bien équipée qui, d’ailleurs, avait été choisie parmi les structures médicales pouvant délivrer aux étudiants les certificats médicaux qui représentent un des éléments à ajouter dans leur dossier de demande de bourse.
Après la restauration de la bourse du secondaire par le Président de la Transition, au regard du nombre d’établissements secondaires sur toute l’étendue du territoire, une question se posait sur quelle stratégie mettre en place en matière de paiement des bourses du secondaire ? Il est quand même important de rappeler que, dans l’ancienne pratique, des équipes partaient de Libreville pour l’intérieur en vue de procéder au paiement des bourses et pour palier certaines réclamations, ceci ajouté aux déplacements qui engrangeaient des risques et des coûts financiers énormes, il était plus qu’urgent de mettre en place des délégations dans chaque chef-lieu de province du pays faisant référence au Décret 003/PR/MESTTENFC en son article 22 du 11 janvier 2021 portant réorganisation de l’ANBG. Au niveau de l’extérieur, en vue de faciliter l’insertion de nos étudiants dans les universités et écoles, une Direction de la Coopération Internationale a également été mise en place ; celle-ci facilite aujourd’hui à nos étudiants l’établissement des visas, la réception de ces derniers dès leur arrivée dans les pays où ils ont été faits boursiers en collaboration avec les délégations extérieures.
Toujours en matière d’innovation, il est important de rappeler que l’Agence Comptable qui est un organe pour le fonctionnement de l’ANBG joue un rôle capital sur le plan financier. Et en vue de pallier les épineux problèmes parfois dus aux déplacements des agents de l’ANBG pour le dépôt des documents, vu que cette Agence se trouve en dehors des locaux de l’ANBG, des bureaux pour abriter l’ensemble des agents du Trésor est en train d’être mis en place dans les locaux de l’ANBG.
S’agissant des programmes de bourses à fort taux d’employabilité et suivant la politique du Chef de l’Etat qui est de faire en sorte que tout Gabonais ait un emploi, l’ANBG a initié des Programmes Spéciaux. Un Programme Spécial est un accord tripartite entre une administration ou une entreprise qui veut avoir des agents dans des domaines bien précis. Ils prennent contact avec l’ANBG qui, à son tour, prend attache avec une école qui offre des formations dans les spécialités choisies. À la fin de cette formation, les étudiants ou apprenants sont directement recrutés par celle-ci. Dans le but d’éviter la fuite des cerveaux, nous avons restauré l’engagement décennal.
Aussi, 340 bourses ANAC en partenariat avec l’ANBG, 64 étudiants de l’Institut de Nkok, sans oublier le programme de l’OPRAG avec ces 20 étudiants boursiers en Côte d’Ivoire avec l’Université Houphouët-Boigny pour le compte EGM et pour le Ministère des TP. D’autres programmes sont en cours avec plusieurs domaines : sportif de haut niveau, élevage, travaux publics (conducteurs d’engin), carrière de sable et mécanique… »
Monsieur le Directeur Général, parlez-nous de l’orientation des nouveaux bacheliers, qui est, aujourd’hui, sous la responsabilité du SOSUP?
« Tout d’abord, il est important de comprendre que le SOSUP relève du ministère de l’Éducation nationale et ne doit intervenir en matière d’orientation qu’avant le baccalauréat en proposant trois différents choix de filières différentes à l’élève. Ce n’est qu’après l’obtention du baccalauréat que le futur étudiant rentre dans l’enseignement supérieur en qualité de bachelier.
En fonction des trois choix proposés à l’élève avant l’examen, l’étudiant ne choisit qu’une seule de ces filières en collaboration avec ses parents. Et sur la base du décret 0065, nous attribuons la bourse au Gabon ou à l’étranger à cet étudiant sur présentation d’une préinscription, conformément aux priorités du pays. Dans ce processus, nous comprenons aisément que le SOSUP ne peut pas, à la fois, choisir une filière, un pays et un établissement ; ce qui n’est pas de son ressort. Les attestations d’orientation des étudiants actuelles ne s’imposent pas à l’ANBG. D’ailleurs, le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique nous a tous rappelé à l’ordre, lors de la réunion dans son cabinet le 26 août 2024 en demandant à chaque partie de rester dans son périmètre d’action pour éviter de semer le trouble dans l’opinion ».
Propos recueillis par LMN/FSS/EN
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