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Interview/Adrien N’Koghe-Mba : Héritage de Léon MBA et Coopération Afrique-Europe

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M. Adrien Nkoghe M'Ba après son entretien avec Cécile Abadie, Ambassadeur de l'Union Européenne au Gabon.

Libreville, 28 juin 2024 (AGP) – Au lendemain des élections européennes du 9 juin, les députés européens élus dans les 27 États membres formeront des groupes politiques. Ils siègeront ensemble pour la première fois lors de la session constitutive à Strasbourg qui se tiendra du 16 au 19 juillet prochain. Dans ce contexte de renouveau politique européen, notre chroniqueur-maison, Adrien N’Koghe-Mba, un acteur-clé engagé sur les questions environnementales tant en Afrique qu’en Europe, nous offre une perspective unique sur les enjeux actuels.

Adrien N’Koghe-Mba, petit-fils du Président Léon MBA, partage avec nous sa vision sur la manière dont le Gabon et l’Union européenne peuvent collaborer pour protéger les précieuses forêts du bassin du Congo. Héritier d’une tradition de coopération entre l’Europe et l’Afrique, M. N’Koghe-Mba nous parle des défis et des opportunités qui se présentent pour ces deux continents dans la lutte contre le dérèglement climatique et la dégradation de la biodiversité.

Agence Gabonaise de Presse : En tant qu’Africain et Européen engagé sur les questions environnementales, quelles sont vos premières impressions sur les résultats des récentes élections européennes et leur impact potentiel sur les relations Europe-Afrique ?

Adrien N’Koghe Mba : « Les résultats des récentes élections européennes me laissent entrevoir à la fois des défis et des opportunités pour les relations entre l’Afrique et l’Europe. Avec un Parlement européen plus fragmenté et une montée des groupes de droite et d’extrême droite, il y a une forte probabilité que les politiques européennes mettent davantage l’accent sur la sécurité et la gestion des frontières. Cela pourrait influencer la nature de la coopération avec l’Afrique, notamment en matière de migration et de sécurité.
Cependant, il existe aussi des signes encourageants. La nouvelle stratégie UE-Afrique vise à établir une relation de partenariat sur un pied d’égalité, dépassant l’approche traditionnelle de donateur-bénéficiaire. Cette stratégie met l’accent sur la jeunesse, l’éducation, la santé, et l’environnement, en cherchant à répondre aux défis du XXIe siècle de manière conjointe et intégrée.
En tant qu’acteur engagé sur les questions environnementales de part et d’autre de la Méditerranée, je vois une opportunité pour les deux continents de renforcer leur coopération dans la lutte contre le changement climatique et la promotion d’une économie verte. Le nouveau Parlement européen pourrait jouer un rôle clé en soutenant les initiatives de développement durable qui profitent à la fois à l’Europe et à l’Afrique, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la résilience climatique.
En somme, bien que les résultats des élections apportent leur lot de défis, ils ouvrent également la voie à une coopération plus étroite et plus équitable entre l’Afrique et l’Europe, essentielle pour relever les défis environnementaux globaux ».

Quels sont, selon vous, les principaux défis environnementaux que les nouveaux députés européens devront aborder en collaboration avec leurs homologues africains ?

« Les principaux défis incluent la lutte contre le changement climatique, où l’Afrique est vulnérable malgré ses faibles émissions. La collaboration doit renforcer la résilience climatique et promouvoir des pratiques agricoles durables.
La transition énergétique est cruciale, avec un soutien européen pour développer les énergies renouvelables en Afrique, réduisant les émissions et améliorant l’accès à l’énergie durable.
La gestion durable des ressources naturelles et la lutte contre la déforestation, en particulier dans le bassin du Congo, sont essentielles pour protéger la biodiversité et combattre le changement climatique.
Enfin, la gestion des déchets et la réduction de la pollution, notamment plastique, nécessitent des solutions globales et une collaboration étroite pour protéger l’environnement et les communautés locales.
En travaillant ensemble sur ces défis, l’Europe et l’Afrique peuvent protéger l’environnement tout en favorisant une croissance économique durable« .

Comment le Gabon et l’Union européenne peuvent-ils collaborer plus étroitement pour protéger les forêts du bassin du Congo, considérées comme le dernier puits de carbone tropical de la planète ?

« Le Gabon, avec 88% de couvert forestier et étant le pays le moins déboisé en Afrique, offre un modèle de gestion forestière durable. Pour renforcer la collaboration, l’UE peut augmenter le financement des projets de conservation et soutenir les initiatives locales pour lutter contre la déforestation. Le partage de technologies, comme les satellites pour la surveillance des forêts, est crucial. Renforcer les capacités locales par des programmes de formation en gestion environnementale et en techniques agricoles durables est également essentiel. Enfin, mettre en place des politiques strictes contre l’exploitation illégale des ressources forestières et lancer des campagnes de sensibilisation pour promouvoir l’importance de ces forêts peut aider à assurer leur protection durable.
En combinant ces efforts, le Gabon et l’Union européenne peuvent créer un partenariat solide et efficace pour protéger les forêts du bassin du Congo. Comme l’a dit mon grand-père, le Président Léon MBA, «l’Afrique et l’Europe ont un destin complémentaire». Travaillant main dans la main, nos deux continents peuvent devenir un moteur pour faire face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité ».

Nous savons que vous êtes, en France, le président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette association et le lien avec l’Europe ?

« Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo est une association dédiée à la protection et à la promotion de l’un des écosystèmes les plus importants de la planète. Nous travaillons sur l’éducation environnementale. Dans mon action, je souhaite perpétuer l’héritage de mon grand-père qui était convaincu que l’Afrique et l’Europe ont un destin complémentaire. Ces mots résonnent plus que jamais face aux défis de notre temps. Je vais régulièrement à la rencontre des Européens pour leur faire découvrir notre magnifique patrimoine naturel. Ces rencontres incluent des personnalités politiques, des entreprises et des représentants de la société civile européenne. Par exemple, lors de ma rencontre avec Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de l’Europe de France, nous avons discuté de l’importance de sensibiliser et d’impliquer les jeunesses africaines et européennes dans la préservation de notre environnement commun. Ce type d’engagement est crucial pour renforcer la sensibilisation et promouvoir des actions concrètes pour la préservation de nos forêts ».

Propos recueillis par FSS/AGP 

 

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