Libreville, le 3 janvier 2023(AGP)- Depuis le 1er janvier, le Mozambique dispose d’un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité des Nations-unies. Une première dans l’histoire de ce pays, qui remplace le Kenya pour un mandat de deux ans.
Suite à cette annonce, le président mozambicain, Filipe Nyusi, s’est dit déterminé à obtenir deux sièges permanents pour l’Afrique pendant son mandat. Il va s’appuyer sur les crises africaines, a-t-il dit, notamment celle entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.
Mais selon Michel Cahen, directeur de recherche émérite du CNRS à l’Institut de sciences politiques de Bordeaux, cité par RFI, le Mozambique risque d’observer la plus stricte neutralité. Car le Rwanda, qui est tenu comme responsable d’une bonne partie de la déstabilisation de l’est du Congo, « est le principal allié militaire du Mozambique dans la lutte contre les jihadistes au nord du pays. Ainsi, je vois mal le Mozambique entrer dans une politique de pression à l’ONU sur le Rwanda, afin qu’il cesse de soutenir une partie des rebelles de l’est congolais », analyse l’expert.
De plus, l’aide militaire du Rwanda au Mozambique est très importante. Celle-ci est aussi le moyen de ne pas trop dépendre de l’appui régional de la Communauté des pays d’Afrique australe (SADC). « Je crois que ce positionnement va quasiment immobiliser toutes les politiques mozambicaines dans l’affaire du Congo », a ajouté le chercheur, cité par la radio française.
Concernant l’Ukraine, le Mozambique risque de ne pas prendre position non plus. Même si le Mozambique n’est pas pro-russe, rappelle le chercheur, il a toujours essayé de manœuvrer pour ne faire partie d’aucun camp.
« Le Mozambique va continuer dans une politique extérieure indépendante, qui sera du reste proche de celle de Lula, nouveau président du Brésil, sans jamais appuyer la Russie, ni la condamner », a prédit Michel Cahen. Par exemple, lors du vote d’une résolution onusienne sur la guerre en Ukraine le 24 mars 2022, le Mozambique s’est abstenu. Il a fait de même le 12 octobre dernier, lors du vote à l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution condamnant « l’annexion illégale » de territoires ukrainiens par la Russie.
AL/VEM/FE (RFI)
Commentaires