La Libye a intensifié lundi les préparatifs d’élections historiques, en ouvrant les inscriptions des candidats aux scrutins présidentiel et parlementaire qui auront respectivement lieu en décembre et janvier prochains. Près de trois millions de libyens, sur sept millions d’habitants, se sont inscrits pour voter, et ont commencé ce mardi le retrait de leurs cartes d’électeurs. Malgré ce processus électoral enclenché, il y a une inquiétude sur la tenue de ces scrutins car le contexte sécuritaire reste encore précaire en Libye.
Le tout premier scrutin présidentiel direct en Libye, avec un premier tour le 24 décembre à venir est le point culminant d’un processus lancé l’année dernière par les Nations unies pour rompre définitivement avec les années de violence depuis la révolte qui a renversé Mouammar Kadhafi en 2011.
Mais malgré une année de paix relative à la suite d’un cessez-le-feu entre les camps de l’est et de l’ouest, le processus a été entaché par des querelles sur la base juridique des votes et les pouvoirs du vainqueur, quel qu’il soit. Cela a suscité la crainte d’un retour à la violence en cas de contestation des résultats.
« Tout le monde s’inquiète du respect des résultats des élections« , a déclaré Anas El Gomati, directeur du groupe de réflexion Sadeq Institute, basé en Libye à la chaîne panafricaine Africanews. Il a en outre cité la perception de « conditions militaires fragiles sur le terrain et le manque de préparation pour organiser des élections libres et équitables dans un État divisé entre factions militaires rivales« .
C’est donc dire que la tenue de ces élections censées pacifier la Libye d’une décennie de chaos reste incertaine malgré la pression exercée par la communauté internationale pour l’organisation des deux scrutins, certains acteurs menacent déjà de reprendre les armes si les résultats des élections ne leur conviennent pas.
Si d’énormes progrès ont été réalisés sur les plans politiques et sécuritaires, le cessez-le feu reste fragile. Selon l’ONU, près de 20 000 mercenaires et combattants étrangers seraient encore en Libye. Autre enjeu de taille : unifier l’armée sous un commandement unique. A moins de deux mois du scrutin, le gouvernement de transition a encore de nombreux problèmes à régler.
Pour l’heure, les candidats peuvent déposer leur candidature dans les bureaux de la Haute Commission électorale nationale présente dans les trois principales villes de l’ouest, de l’est et du sud de la Libye jusqu’au 22 novembre, a indiqué la Haute Commission électorale libyenne (HNEC) dimanche au cours d’une conférence de presse. Et d’ajouter que les candidats aux élections législatives ont jusqu’au 7 décembre pour le faire.
De nombreuses personnalités dont les anciens membres du régime de Kadhafi ont déjà annoncé leur candidature. Parmi elles, Fathi Bachagha, l’ancien ministre de l’intérieur et homme fort de l’Ouest libyen, Aref Ali Nayed, l’ex-ambassadeur de la Libye à l’ONU, Ibrahim Dabbashi, ex-ministre de l’Industrie sous Mouammar Kadhafi ou encore Hafez Kadour, l’ancien représentant de la Libye auprès de l’Union européenne.
D’autres personnalités maintiennent le suspens comme Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant libyen, qui a déjà évoqué sa probable candidature. Il y a aussi l’actuel Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah qui ne dément pas les informations abondantes circulant sur sa candidature.
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