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Deux journalistes condamnés à 1 an de prison pour chantage au roi Mohammed VI

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Eric Laurent et Catherine Graciet.

LIBREVILLE, 14 mars (AGP) – Deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, poursuivis pour avoir voulu faire chanter le roi Mohammed VI en 2015, ont été condamnés mardi dernier à 1 an de prison avec sursis et à 10.000 euros d’amende.

Entre manque de déontologie journalistique et chantage au roi, le tribunal judiciaire de Paris a tranché : Éric Laurent et Catherine Graciet écopent chacun d’une peine de 12 mois avec sursis assortie d’une amende de 10.000 euros sur l’action publique.

Au niveau de l’action civile, la demande du royaume a été jugée recevable alors que les deux prévenus ont été condamnés respectivement à s’acquitter solidairement de 1 euro au royaume. S’y ajoute une amende pour chacun des condamnés qui a été fixée à 5000 euros en application de l’article 475-1 du CPP (Code de procédure pénale).

Un verdict qui tombe sept ans après les faits, remontant au 23 juillet 2015, lorsqu’Éric Laurent contacte le secrétariat particulier du roi du Maroc pour solliciter un rendez-vous, organisé le 11 août dans un palace parisien avec un émissaire de la monarchie, l’avocat Hicham Naciri. “Je lui décris le contenu du livre”, qui prévoyait d’évoquer des tensions dans la famille royale et des accusations de malversations financières impliquant des entreprises publiques du pays, raconte Éric Laurent, assis sur une chaise à la barre du tribunal. “Me Naciri me dit : “Tout ça, ça ne nous arrange pas”, et très vite on bascule sur une transaction. C’est lui qui propose”, affirme-t-il.

“Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé”, réplique Ralph Boussier, l’un des avocats de l’État marocain, pour qui c’est bien Éric Laurent qui “évoque un arrangement”. Le projet de livre “n’a jamais existé, ils n’ont aucun élément pour l’écrire (…) Les révélations qui vont faire trembler le Royaume du Maroc : où sont-elles ? Il n’y a rien”, argumente-t-il en estimant que les deux journalistes ont vu dans une tentative de chantage “une opportunité” pour “changer de vie”.

Après cette rencontre, le Maroc porte plainte. Une enquête est ouverte et c’est sous la surveillance d’officiers de la police judiciaire que deux autres rendez-vous sont organisés, les 21 et 27 août. Lors du dernier, en présence de Catherine Graciet, les deux journalistes signent un accord pour retirer le projet de livre contre 2 millions d’euros. Avant d’être interpellés avec chacun 40.000 euros en liquide.

Ils apprennent alors que les trois rencontres ont été enregistrées par l’émissaire du roi. Confronté à la retranscription du premier rendez-vous, où il semble proposer activement une somme, Éric Laurent balaie : “Cet enregistrement est un faux.”

La défense a tenté de prouver via une expertise que la copie remise aux enquêteurs avait subi “un post-traitement, impossible à préciser”, mais les recours de la défense la jugeant illégale ont été rejetés en 2017. “Rien ne démontre que cet enregistrement ait été modifié, morcelé ou qu’il y ait eu un montage”, souligne la procureure.

L’ex-journaliste, aujourd’hui âgé de 75 ans, reconnaît devant le tribunal correctionnel de Paris “une erreur déontologique”, “un naufrage” pour avoir “accepté de (s)e laisser entraîner dans cette affaire”, mais pas “la moindre infraction pénale”.

L’émissaire marocain “m’avait séduite avec son offre financière, j’ai plongé et je le déplore”, abonde l’autre prévenue Catherine Graciet, 48 ans, auteure de livres sur le Maghreb et la Libye.

Lors de leur comparution en audience le 16 janvier à la 10e chambre correctionnelle de Paris, leurs arguments n’avaient pas empêché le procureur de la République de requérir des peines d’un an de prison avec sursis contre chacun des deux accusés, assorties d’une amende de 15.000 euros.

Déjà auteurs en 2012 d’un ouvrage sur Mohammed VI, Le roi prédateur, les deux journalistes avaient signé un contrat avec Le Seuil pour un second tome sur le même sujet.

AK/AGP

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