ActualitéSociété & Culture

Enseignement supérieur : le Pr Hervé Ndoume Essingone dresse le bilan des réalisations dans ce secteur depuis le 30 août 2023

0

LIBREVILLE, 21 Octobre 2024 (AGP) – Dans une interview accordée à la rédaction de l’Agence Gabonaise de Presse/Gabon Matin, le ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Hervé Ndoume Essingone, dresse un bilan des réalisations dans ce secteur et de la recherche scientifique, depuis le 30 août dernier, tout en abordant les perspectives 2024-2025. Lecture.

AGP/Gabon Matin : Quelles ont été les actions prioritaires du ministère dont vous avez la charge, sous l’ère du CTRI pour faire face aux difficultés que rencontrent les Universités et Grandes Ecoles du pays ?

Pr Hervé Ndoume Essingone :  « Je remercie le journal Gabon Matin de me donner l’opportunité de présenter à nos compatriotes les grandes actions menées depuis l’avènement du 30 août 2023, dans le secteur de l’Enseignement supérieur.
D’entrée de jeu, je voudrais souligner que les infrastructures sont restées les mêmes depuis les années 80. A ce jour, nous constatons deux grandes difficultés : l’insuffisance des capacités d’accueil au regard du nombre de plus en plus croissant des bacheliers et la vétusté des infrastructures universitaires. A titre d’illustration, pour la session 2024 du baccalauréat, nous avons enregistré 22.308 admis pour une capacité d’accueil totale de 16.215 places en première année dans les établissements publics d’enseignement supérieur (EES).

Pour répondre à cette problématique majeure, le président de la Transition, président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a fait une dotation spéciale de 13 milliards. Elle a permis la réhabilitation intégrale de l’USTM et de ses campus universitaires ; elle assure aussi la construction de nouveaux amphithéâtres et salles de classe (UOB, USS, INSG, IUSO, ENS, ENSET).
En vue d’accroître les capacités d’accueil, afin de fixer les jeunes bacheliers au Gabon et pourquoi pas dans leur environnement immédiat, une stratégie de diffusion des activités universitaires sur l’ensemble du territoire est en cours. Ainsi, le Lycée Technologique Paul Kouya de Koulamoutou va évoluer en Centre Universitaire Provincial de l’Ogooué Lolo.

Les travaux de réhabilitation en cours, permettront d’accueillir dès ce mois d’octobre 200 étudiants dans les filières Chimie Industrielle, Architecture et Eco-construction, Génie Thermique et Energies Renouvelables, Informatique et Communication, Production Mécanique.

Par ailleurs, les travaux de construction des universités d’Oyem et de Mouila ont été lancés de même que la pose, par le Président de la Transition, de la première pierre, du Centre Universitaire Provincial du Moyen Ogooué (CUPMO).

Enfin, les universités d’Akanda et de Port-Gentil ont été relancées avec des bâtiments visibles et hors d’eau.

Au plan de l’amélioration de la gouvernance, plusieurs actions ont été réalisées, notamment la sensibilisation des Enseignants au respect de leurs obligations de service et des règles d’éthique. Pour cela, tous les Enseignants-Chercheurs et Chercheurs ont signé un code d’Ethique et de Déontologie.

A la suite de l’organisation, au mois de mars 2024, des Assises du LMD et des recommandations y relatives, le calendrier académique a été stabilisé autour d’un ensemble de bornes.

Ainsi, le calendrier universitaire au Gabon se présente comme suit : une année académique qui se divise en deux périodes appelées grande saison et petite saison. La grande saison ou période régulière qui court de septembre à avril et une petite saison ou saison de rattrapage qui s’étend de mai à juillet.

Par ailleurs, sur les Très Hautes Instructions du Président de la République, un processus de diversification des offres de formation afin de les adapter aux besoins de l’emploi a également été entamé.

Aussi, tous les établissements publics d’enseignement supérieur (EPES) ont-ils révisé leurs offres de formation et proposent aujourd’hui une cartographie plus cohérente avec les attentes du monde du travail. C’est ce qui justifie par exemple la création d’une Ecole Vétérinaire à l’USTM pour répondre aux besoins du secteur agricole et de la gestion des parcs nationaux.

Le CUPOL avec ses formations orientées technologie s’inscrit dans la même dynamique. La Faculté des Sciences Appliquées de l’UOB offre désormais la possibilité aux bacheliers des séries A1 qui représentent près de 40 % des bacheliers, de poursuivre des études scientifiques dans les domaines tels que l’Agroalimentaire, l’Environnement, les Sciences de la Vie et de la Terre.

Enfin, la Faculté de Médecine de l’USTM permet d’accroître et d’améliorer la formation des médecins.

Concernant la Vie de l’Etudiant, la réhabilitation du campus de l’USTM est achevée. Ce qui a permis d’accueillir une première cohorte d’étudiant sur le campus. Les campus de l’UOB et de l’USS sont en cours de réhabilitation. Celui de l’UOB, dont la cérémonie d’ouverture, tenue le 19 septembre et présidée par Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la Transition, a reçu ses premiers étudiants.

La vie sociale concerne également la l’alimentation. Ainsi, le restaurant de l’UOB va démarrer ses activités courant octobre tout en poursuivant parallèlement son programme de réhabilitation.

Le statut social de l’étudiant qui est un cadre réglementaire important pour une meilleure visibilité de l’étudiant dans la société est, quant à lui, en cours d’élaboration. Il va permettre de prendre en compte la diversité des étudiants afin de les adapter aux besoins sociaux. Toute chose qui permettra à l’étudiant de bénéficier d’un équilibre entre vie académique et vie sociale.

En ce qui concerne l’orientation des étudiants dans les établissements supérieurs, le processus appliqué par le SOSUP a été significativement amélioré. Ainsi, la mission essentielle du SOSUP repose-t-elle sur l’identification des aptitudes de l’apprenant à s’inscrire dans une filière de formation avec l’appui des Conseillers d’Orientation Psychologues.

S’agissant de l’accompagnement de l’Etat, à travers les bourses, la révision du texte a visé à assurer une plus grande équité tout en privilégiant la destination Gabon.

Enfin, précisons que les chercheurs ont désormais l’obligation d’assurer 50h de cours, ce qui devrait réduire, à terme, les dépenses sur les heures supplémentaires ».

Le recrutement des Enseignants-Chercheurs et Chercheurs est-il effectif à ce jour ?

«Il convient de rappeler qu’en janvier 2024, sur instruction du Président de la Transition, 116 Enseignants-Chercheurs et Chercheurs ont été mis en présalaire. Ce qui a permis de renforcer les ressources humaines dans nos établissements. Pour aller plus loin dans sa politique d’appui à l’Enseignement Supérieur, lors de la cérémonie de remise de diplômes à l’USS, le Chef de l’Etat a décidé d’accorder 400 postes budgétaires dont 200 pour les jeunes médecins et 200 pour les Enseignants-Chercheurs et Chercheurs.

Ce sont au total plus de 300 Enseignants-Chercheurs et Chercheurs qui vont renforcer les effectifs dans les établissements supérieurs. Ce recrutement permettra à terme de réduire la dépense ou la charge des heures supplémentaires. Le processus de recrutement desdits enseignants est inclusif en ce qu’il est ouvert aux gabonais de la diaspora ».

Que Retenir des recommandations des Assises du LMD tenues dernièrement ?

«Le système LMD a été introduit au Gabon et a fait l’objet d’une pratique quelque peu chaotique eu égard à la faible appropriation par les établissements publics d’enseignement supérieur. C’est ce qui a justifié l’organisation de ces Assises. Les principales recommandations ont permis de stabiliser le calendrier académique autour d’une année avec deux périodes. L’une consacrée au travail régulier et l’autre aux rattrapages ; de réviser l’architecture des programmes de formation pour l’arrimer aux Règlements CEMAC n°19 et 20 ; d’améliorer le processus de mobilité des étudiants au sein d’un même établissement ou d’un établissement à un autre ; de faire vivre les Cellules Internes d’Assurance-Qualité dans les établissements d’enseignement supérieur afin d’ancrer la culture de qualité et enfin, d’accompagner la formation des formateurs avec la mise en place du Centre Universitaire de Pédagogie Avancée.

Un Comité de Suivi avec à sa tête le Pr Pierre Dominique Nzinzi, Recteur Honoraire de l’UOB, a été mis en place pour le suivi de l’ensemble des recommandations ».

Concernant le secteur de la Recherche Scientifique, quelles ont été les actions posées?

«La Recherche Scientifique vise à produire des connaissances fondamentales et appliquées utiles pour élaborer les politiques publiques. Elle permet également, grâce à l’innovation, de développer de nouveaux produits et services permettant de satisfaire les besoins économiques et sociaux.

C’est cette vision de la Recherche Scientifique au service des politiques publiques et de la mise à disposition des biens et services nouveaux aux gabonais que nous prônons. Pour atteindre cet objectif, nous avons organisé, avec la participation de l’ensemble des établissements publics d’enseignement supérieur, les instituts de recherche publics et privés ainsi que les ministères sectoriels, l’Atelier National sur la Recherche Scientifique du 24 au 26 juin 2024, à Lambaréné.

Plusieurs recommandations ont été formulées et font l’objet aujourd’hui d’une mise en œuvre, notamment l’intensification de la recherche dans les programmes prioritaires tels que la protection et la mise en valeur du Patrimoine Culturel et Civilisationnel National, la Sécurité et la Souveraineté Alimentaires, la Santé et le Bien-être, le Développement Durable, l’Economie et la Finance, le Numérique ; l’amélioration de la gouvernance de la Recherche Scientifique avec la Direction Générale de la Recherche Scientifique, l’Autorité Nationale de la Recherche Scientifique, le Conseil Scientifique sur l’Assurance Qualité, le Conseil Scientifique National, le Comité d’Ethique, l’Académie des Sciences du Gabon, les Institutions de Recherche.

Il y a également, en cours de préparation, l’évolution du statut juridique des Centres et Instituts de Recherche pour leur donner l’autonomie nécessaire à la créativité scientifique ».

Pour cette année universitaire 2024-2025, quelles sont les perspectives du ministère ?

«Je voudrais saisir cette occasion pour féliciter l’ensemble de la Communauté Universitaire pour son engagement en faveur de la Restauration de l’Institution Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique au Gabon.
En effet, le démarrage apaisé de la présente année académique témoigne de la volonté de tous, que notre pays a besoin en cette période cruciale d’une jeunesse aux études, des Enseignants-Chercheurs et Chercheurs qui se dévouent à la tâche ainsi que les Administratifs assumant leurs responsabilités. Cependant, nous devons aller plus loin et faire encore mieux en consolidant les actions déjà entamées autour des trois défis majeurs, à savoir le défi infrastructurel ; le défi de la gouvernance et le défi de la vie étudiante.

Nous n’avons pas exploité de façon intensive la convention de partenariat entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur et la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG). Nous entendons donc redynamiser cette convention pour assurer une meilleure professionnalisation des programmes de formation et ancrer ceux-ci dans la méthode pédagogique de l’alternance. Il s’agira également de valoriser l’expertise universitaire dans les entreprises gabonaises.

Enfin, la visibilité internationale de l’université gabonaise fait partie des priorités pour la présente année académique.

Ainsi, notre ambition est d’intensifier collectivement les coopérations internationales de nos Universités, Grandes Ecoles et Instituts de Recherche ».

Propos recueillis par FAN/FSS/EN

Maurel & Prom Gabon offre un mammographe à l’hôpital de Ntchengué

Article précédent

Gabon/Référendum : publication du projet de Constitution

Article suivant

Commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Plus dans Actualité