Lambaréné, 23 août 2024 (AGP) – Accusé d’exploitation de bois sans titre, de coupe et enlèvement d’essence sans autorisation de l’administration et de manœuvre frauduleuse, N.A a été interpellé récemment par les agents de la Police judiciaire et des Eaux et Forêts de Lambaréné, appuyés par l’ONG Conservation justice, a-t-on appris de source judiciaire.
La mission conjointe a permis de mettre la main sur N.A, membre de la Délégation spéciale en charge du Conseil départemental de l’Ogooué et Lacs, après plusieurs enquêtes menées entre le mois de juin et de juillet derniers dans les zones de Mpoundou et Bingovion, dans la province du Moyen-Ogooué.
L’accusé a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Pour contourner la loi en vigueur, ce dernier utilisait subtilement des membres de sa famille, dont sa fille et son fils, comme bouclier administratif, pour brouiller les pistes de son implication dans les demandes d’autorisation pour la coupe et le sciage de long. Une manœuvre, selon la source judiciaire, qui est considérée comme frauduleuse et en déphasage avec les prescriptions légales du Code forestier Gabonais.
« Aussi, les quantités exploitées de manière plus industrielle qu’artisanale dépassaient largement celles prévues par la loi. Sur les deux sites, des fûts contenant du réservoir, une barge, deux machines de type Caterpillar 528, une scie mobile de type Lucas Mill, des preuves de nombreux bois abattus (souches) et des planches, lattes et chevrons ont été trouvés. Preuve de l’enracinement d’une exploitation industrielle à grande échelle. Un total cumulé de 268,444 m3 de bois sciés ont, par ailleurs, été constatés par l’équipe de la mission sur les différents sites contrôlés « , a déclaré l’homme de loi.
Il a affirmé que W.N.M.T.D, le fils de N.A, a obtenu une autorisation de coupe de bois pour le sciage de long dans la zone d’usagère du village Aschouka, celle-ci a par la suite été cédée à son père. Quant à sa fille M.M.N.L, malgré qu’aucune autorisation de coupe de bois ne lui aurait été délivrée par l’administration des Eaux et Forêts, l’exploitation sur le site sollicité se serait poursuivie sous la houlette de son père et en violation du Code forestier.
Cette exploitation illégale explique probablement aussi pourquoi les demandes de forêt communautaire par les communautés organisées n’ont pas abouti.
Dans cette zone du lac Oguemoué, n’eut été la diligence des communautés locales réunies au sein de l’association éponyme, cette exploitation illégale aurait perduré. En quête de justice, l’Association des Communautés du Lac Oguemoué (ACLO) et l’ONG Conservation Justice ont dénoncé les auteurs de ce trafic pour les motifs énoncés plus haut. Alors que de précédentes enquêtes n’avaient pas été menées à terme, cette fois-ci la mobilisation des communautés a conduit au tribunal et les parties attendent de la justice de Lambaréné une décision forte pour servir d’exemple, renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance des ressources naturelles.
CBO/FSS
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