La toile a transpiré ces deux derniers jours après la fuite d'un document censé être un ordre de mission d'une partie de la liste de la délégation gabonaise devant se rendre à Banjul pour le match face à la Gambie et dans lequel figureraient des proches de Pierre Emerick Aubameyang.
C'est la grosse polémique du moment. Une énième du genre sortie tout droit de l'usine à polémique d'un football gabonais malheureusement plus créatif dans des parties extra-sportives au détriment du terrain. Car, après le feuilleton de la distribution de l'aide Covid-19 de la Fédération internationale de football et associations (FIFA), qui avait mis en scène, la Fédération gabonaise de football (Fégafoot), la Ligue nationale de football (Linaf), les présidents des clubs, et les joueurs, nous voilà servis d'une controverse inutile.
Qui à voir plus clair et avec beaucoup de lucidité, ressemble plutôt à un bon tacle irrégulier savamment exécuté et orienté en direction du bureau actuel de la Fégafoot. Non pas parce que celui ou celle par lequel le scandale est arrivé n'était pas en droit d'alerter l'opinion au sujet de certaines bizarreries qui entourent la vie de l'équipe nationale du Gabon, mais tout simplement en raison d'un timing assez mal choisi. Du coup, l'on se demande bien quel était réellement l'intérêt en pareille circonstance. Et, à quelques jours de deux matchs déjà décisifs. De quoi s'agit-il exactement ?
PRIVILEGES
Il s'agit d'un document sous la forme d'un ordre de mission qui a fuité dans les réseaux sociaux et dans lequel y figurent certains noms d'une liste – incomplète – de la délégation gabonaise devant rallier Franceville, puis Banjul dans le cadre de la double confrontation à venir qui opposera le Gabon et la Gambie au compte des 3e et 4e journées des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations, Cameroun, 2021.
Le nœud du problème: la présence dans cette liste de la fratrie des Aubameyang. Le privilège de trop accordé au capitaine des Panthères, clame une bonne partie de l'opinion en raison d'un contexte sanitaire tout à fait particulier ajouté à la crise économique au moment d'évoquer ce sujet assez clivant et passionnant.
Ces opposants ne manquent d'ailleurs pas d'arguments pour condamner cette pratique qui, selon eux, crée des frustrations auprès des autres joueurs, qui, on l'imagine bien, serait tout aussi heureux de pouvoir avoir à leurs côtés également, des proches. D'autant que les pros Aubameyang ou ceux qui soutiennent ce petit privilège dont bénéficie le joueur d'Arsenal évoquent un facteur psychologique et émotionnel. Un besoin pour l'attaquant de 30 ans d'être toujours entouré des siens pour être au top. Sauf que le rapport: privilège-réussite ne plaide pas encore en faveur de ce dernier. Pour preuve, la présence de ses frères à Bujumbura au Burundi n'avait pas permis à PEA de qualifier le Gabon à la Can 2019 en Égypte.
STARS ET CAPRICES
Et si certaines sources ont bien eu raison de préciser que cette présence remarquée, voire même parfois encombrante, des frères de l'ancien joueur du Borussia Dortmund à chaque déplacement des Panthères ne coûtait pas un seul rond à l'État gabonais, du moins le contribuable aux titres des frais de mission, etc., ce qu'il faut surtout dire c'est que Pierre Emerick Aubameyang est au Gabon, ce que Lionel Messi est en Argentine, à Barcelone ou Cristiano Ronaldo au Portugal en termes d'influence, dimension et surtout de classe. Ce type de joueurs jouissent d’un traitement assez particulier et dont on ne doit pas froisser. N'allez pas lui demander de fournir les mêmes efforts sur le terrain qu'un Ngouali ou Autchanga. Ce dernier ne boxe pas dans la même catégorie que ses coéquipiers en sélection nationale bien que le football étant avant tout un sport collectif et il en va de l'équilibre du groupe de l'équipe. Il ne peut donc pas être considéré de la même manière que les autres.
On a en mémoire plusieurs anecdotes décrivant parfaitement le fossé qui existe entre Aubameyang et les autres. On peut citer comme exemple, son retour express sur Libreville au soir du match face au Niger (4-1) à Franceville avec une partie de la presse nationale. Ou son départ sur Paris après le nul contre la Tunisie (3-3) à Tunis sans que le reste du groupe n'en soit informé. Des exemples de ce genre, il y'en a des tonnes. Des caprices que seuls les stars ont parfois droit.
D'autres avant lui ont bel et bien expérimenté ce traitement de faveur parfois fâcheux pour le reste du groupe. Cette sorte de prise en otage de l'équipe au gré des envies personnelles. Sachant qu'on ne refuse rien à une star. Et c'est visiblement cette attitude que semblent adopter le ministère des Sports et la Fégafoot.
Fusher Edzang
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